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A Bruxelles, l’image ravageuse d’un imam au perchoir

En qamis et couvre-chef traditionnel, l’imam s’installe au perchoir de l’assemblée élue et se met à psalmodier une sourate du Coran durant plus de trois minutes. La scène est inédite dans un pays européen. Elle s’est déroulée le 13 janvier au Parlement régional de Bruxelles-Capitale, mais n’a été révélée qu’un mois plus tard, quand l’imam pakistanais Muhammad Ansar Butt en a lui-même posté une vidéo. Relayées par un élu nationaliste flamand, les images ont rapidement fait le tour des réseaux sociaux, alors que la Belgique se prépare à se rendre aux urnes le 9 juin pour les élections législatives fédérales.
Une « séquence regrettable », a réagi lors d’une séance publique au Parlement, le 23 février, la secrétaire d’Etat socialiste Nawal Ben Hamou, chargée notamment de l’égalité des chances dans le gouvernement de Bruxelles, et qui était présente lors des faits. Au cœur de la polémique déclenchée par cette vidéo qui embarrasse son parti et la région, l’élue de 36 ans dit désormais qu’elle a « été induite en erreur ». Selon elle, c’est un membre de sa propre formation politique, Hasan Koyuncu, député régional d’origine turque, qui l’aurait attirée dans « le piège ».
C’est lui qui a organisé la visite dans l’hémicycle d’un groupe de quatre-vingts personnes leur proposant de réaliser avec la secrétaire d’Etat quelques photos pour marquer l’événement somme toute banal : l’assemblée reçoit chaque année quelque dix mille hôtes. Sauf que la visite s’est rapidement muée en une obscure cérémonie de remise de prix. Une association confidentielle, Friends of Europe, voulait, selon ses ­dirigeants, récompenser des citoyens méritants et créatifs. Au premier rang desquels l’imam pakistanais, pourtant présenté par l’opposition libérale francophone comme un fondamentaliste, surtout connu pour ses connexions avec les épiceries de nuit pakistanaises dans la capitale belge.
Après que des fonctionnaires du Parlement ont été invités à s’éclipser par la délégation et, devant une assemblée vide, « l’imam a récité les versets 41 à 47 de la sourate 33, “Les coalisés”, qui appellent à embrasser l’islam et rappellent les récompenses que Dieu réserve aux musulmans, a indiqué, dans le quotidien La Libre Belgique, l’islamologue et philosophe franco-algérienne Razika Adnani. Il a donc fait de la prédication et appelé à embrasser l’islam au sein d’un parlement ».
Pour cette spécialiste, le religieux pakistanais « savait ce qu’il faisait » et voulait illustrer « la capacité de l’islam à s’imposer en Occident ». Affirmant que tout cela était à l’opposé de ses valeurs politiques et de ses convictions laïques et féministes, Nawal Ben Hamou a regretté la décision de décorer l’imam. Elle est ressortie plus ou moins absoute de l’affaire, l’opposition se contentant d’interroger son positionnement dans un parti dont un membre au moins l’avait trompée.
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