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« La transition vers des systèmes agricoles et alimentaires durables doit devenir une grande cause nationale »

Médecins, professionnels des sciences de l’environnement et des sciences humaines, conscients des liens entre santé et biodiversité, nous nous sommes engagés afin de promouvoir une approche globale fondée sur les liens d’interdépendance entre la santé des humains, celle des animaux, des végétaux et des écosystèmes.
Nous faisons part de notre forte préoccupation à l’égard des réponses apportées par le gouvernement à la crise agricole. Nous affirmons que certaines mesures, telles que la remise en cause de l’objectif d’une sortie progressive de la dépendance aux produits phytosanitaires, vont retarder la nécessaire transformation de nos systèmes agricoles et alimentaires.
Au lendemain de la seconde guerre mondiale, face aux pénuries alimentaires, dans un contexte bien différent de celui d’aujourd’hui, les responsables politiques et agricoles européens ont lancé une « révolution verte » afin de moderniser l’agriculture. Dès les années 1970, les excédents agricoles ont remplacé les pénuries. Mais déjà les données scientifiques montraient que l’usage systématique de biocides (herbicides, insecticides et fongicides) nuit à la vie du sol et à la biodiversité sous toutes ses formes.
De René Dumont (1904-2001) [candidat écologiste à l’élection présidentielle française de 1974] à Edgard Pisani (1918-2016) [ancien ministre de l’agriculture français de 1961 à 1966], en passant par Sicco Mansholt (1908-1995) [ancien président néerlandais de la Commission européenne, 1972-1973], les penseurs et responsables de cette révolution verte, prenant conscience de l’impasse de ce modèle de production, ont appelé à engager l’agriculture dans une nouvelle voie, moins dépendante des engrais de synthèse et des produits phytosanitaires. En vain.
Au début des années 1990, la réforme de la politique agricole commune (PAC) et la dérégulation des marchés agricoles dans le cadre de l’Organisation mondiale du commerce ont transformé en profondeur nos systèmes alimentaires. La mise en concurrence de toutes les agricultures du monde s’est substituée aux principes d’une agriculture nourricière au service d’une souveraineté alimentaire partagée et solidaire entre les peuples.
Les régimes alimentaires malsains sont aujourd’hui reconnus comme la principale cause du développement alarmant des maladies chroniques telles que l’obésité, le diabète, les maladies cardio-vasculaires et de nombreux cancers. Alors que l’agriculture peut jouer un rôle positif pour la biodiversité, les modes de production dits « conventionnels » ont un impact majeur sur la dégradation des écosystèmes.
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